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Design de la presse en ligne

Et si on faisait du neuf avec du beau ?

Présentation

La conférence est organisée par e-artsup, une école de création numérique, en partenariat avec Adobe et étapes: par Peter Gabor qui est un typographe et est directeur de l'école depuis quelques années. L'idée de la conférence à germé dans son esprit suite à un petit travail sur le site du Point fait par ses élèves. Animé par David Abiker, le débat s'est déroulé en trois chapitres :

  1. Référence
  2. ADN
  3. Avenir

Premier chapitre : Référence

S'interroger sur la presse de référence, les références de la presse.

Lors du passage du papier à Internet, beaucoup de question se posent. Le Monde sur Internet doit-il ressembler au Monde papier ou doit-il se différencier ? Sur le papier, le Monde est hierarchisé, catégorisé et laisse place à de grandes photos. Sur Internet, c'est chronologique, une info chasse l'autre. Isabelle Talès, graphiste au Monde.fr souligne qu'il y a pourtant des avantages à passer au web et que l'on passe d'une information à deux dimensions sur le papier avec une information à trois dimensions avec l'hypertexte. Cependant, ce changement de repère fait peur aux journalistes.

Ensuite, Étienne Mineur intervient, c'est un directeur artistique et très bon pédagogue. L'ensemble de ses réflexions ont déjà été résumées dans trois billets sur son blog (1, 2, 3). Il revient d'abord sur Internet et son histoire. Celui-ci n'a jamais été vraiment conçu pour la présentation et c'est du bricolage pour faire quelque chose de lisible et de joli. On perd beaucoup au niveau du choix de la police de caractère car sur Internet, si on veut être lu par tout le monde, on n'a le choix que sur cinq polices. On perd également le multi-colonnage du texte, qui arrivera avec le CSS 3 ou encore certaines finesses typographiques qui facilitent la lecture, comme les virgules en fin de lignes qui se décalent. La lecture est donc très peu agréable sur Internet. Étienne Mineur souligne qu'il faudrait revenir vers l'usager et ne pas faire ces sites, comme c'est le cas actuellement, pour Google et les autres robots des moteurs de recherche. Plus tard, Étienne Mineur sort de sa poche un petit engin qui, selon lui, est le futur de la lecture de la presse, c'est son iPhone. La lecture est interactive, l'écran est vertical et donc selon lui, tout ça facilite la lecture et il n'utilise plus que ça pour lire la presse.

Ensuite David Abiker note que le changement de maquette est toujours un événement dans la presse papier alors que sur le papier, ça ne fait pas trop de bruit.

Étienne Robial intervient ensuite. On lui doit le logo de Canal Plus ainsi que son habillage. Jusqu'il y a peu, il supervisait tout ce qui apparaissait à l'antenne de Canal Plus pour donner à l'ensemble des images une cohésion graphique et que l'on sache à la seconde où l'on était sur la chaîne que c'était Canal Plus. L'habillage permet au téléspectateur un certain confort. À ce niveau, le web en est encore à la préhistoire et qu'il faudrait redonner une place au directeur artistique dans la réalisation d'un site, qu'il prenne beaucoup de décisions et que ses choix soient respectés parce qu'il sait ce qu'il fait, qu'il a fait des études pour ça. Acclamation de la foule (principalement graphiste apparemment).

Place alors à la photo. Maintenant, on parle de voir pour n'importe quoi, plus seulement une vidéo mais également un événement. On dit "Tu as vu le tremblement de terre ?" ou "Tu as vu Sarkozy au G20 ?". Les photos ne sont plus intéressantes sur Internet car maintenant tout le monde à une photo. Pour illustrer un article sur Internet, par exemple Barack Obama au G20, on se content d'une photo de Barack Obama alors que dans la presse on essaierait de mettre une illustration qui dirait autre chose que l'article. Quelqu'un remarque alors qu'on pourrait peut-être illustrer ces articles avec des dessins de presse. Ensuite, un responsable Internet à Libération explique que le rapport article/photo n'est pas le même sur le papier et sur Internet.

Deuxième chapître : ADN

Benoît Raphaël présente Le Post et souligne que maintenant, les sites sont vus comme des marques. Celles-ci échappent à leur propriétaire et sont partagées. Le Post veut donc créer un média-marque qui n'essaie pas d'en imposer, mais plutôt de converser. Cette marque serait portée par tous et ne doit donc pas complexer l'utilisateur. C'est une information en co-production et ça reste un travail en cours. Ils ont donc un design qui exprime tout cela. Simple, pas imposant, anti-complexe. Benoît Raphaël nous explique alors que Le Post est un animateur de MJC au milieu des tours, qui se met au niveau des jeunes.

Ensuite, c'est au tour d'Arnaud Aubron de parler de Rue89. Il note qu'ils devaient inventer complètement une image, qu'ils partaient de rien. Il souligne que demander l'avis d'un graphiste ou d'un typographe coûte beaucoup d'argent et que ce n'est pas la première dépense qu'ils envisagent. Certains notent à ce moment que Rue89 a déjà une image, notamment avec ce rouge et noir. Arnaud Aubron ensuite explique que lorsqu'ils ont imaginé le site, ils ont quand même utilisé leur expérience de la presse écrite pour envisager le design. Enfin, il signale que les différents pure players et autres sites d'information en ligne s'épient de manière permanente et que dès qu'il y une nouveauté sur un site, tous les autres la reprennent très rapidement, et facilement puisqu'il suffit de fouiller le code-source. Il signale alors qu'ils sont en train de travailler sur une méthode de lecture par zoom, qui consisterait à présenter tous les articles sur la première page et qu'un zoom afficherait l'article qui intéresse le lecteur.

Ludovic Blécher, qui travaille à liberation.fr explique un peu le fonctionnement du site. Il consiste en une longue page qui défile avec une hiérarchisation de l'information du haut vers le bas. La second colonne s'attache aux parties interactives, mais ils n'en sont pas satisfaits car ils n'arrivent pas à la mettre à jour. Il remarque ensuite que tous les journaux ont désormais adopté une présentation des articles comme dans les blogs et que ce n'est certainement pas la panacée. Répondant à une question sur l'esprit Libération, il raconte que, pour un article sur Mireille Mathieu, ils avaient mis une photo de Mireile avec en titre "Une certaine idée de la frange". Sur Internet, ça ne passe pas, le titre ne dit rien du contenu, ils sont donc obligés de changer leurs titres pour l'indexation, comme le signalait Étienne Mineur.

Intervient alors Nata Rampazzo qui explique qu'il faut tout réinventer et que l'on se trouve au pied de la montagne. Inventer une nouvelle façon de lire et inventer un média. Il rappelle que le web est un outil.

Quelqu'un signale à ce moment que le modèle actuel est la page blanche de Google. Google n'a d'ailleurs aucun directeur artistique.

Christian Dupuis-Santini, de l'agence Mercure, lit alors un petit texte qu'il a préparé sur le sujet. Extraits choisis : "Si tu crois en avoir fini avec le passé, le passé n'en a pas fini avec toi", "si la typographie existe c'est pour honorer un contenu, pour servir une pensée", "la typographie est pour faire lire, pour attirer l'oeil, pour le captiver et pour le capturer"

Ensuite, quelqu'un suggère que de plus en plus l'information essaie de se rapprocher de la publicité aussi bien dans la forme que dans le fond. On se pose alors la question de la conservation de l'ADN d'un journal avec, par exemple, les pages saumon du Figaro qu'il faudrait savoir transposer sur Internet. Arnaud Aubron signale alors que selon lui, l'image de Rue89 n'est pas seulement dans la forme que peut avoir ses articles mais également dans le fond des articles.

Le directeur artistique n'a pas suffisamment sa place dans la conception d'un journal et cela est la conclusion de ce chapitre.

Dernier chapitre : Avenir

Faire un effort sur le beau valorise-t-il le modèle économique ?

Concernant le modèle économique, on parle de l'envie de l'Équipe de s'associer à BetClic pour devenir plus qu'un site d'information. Le hors-info serait peut-être le futur de la presse en ligne. La question du modèle économique est centrale. Cependant, on est actuellement dans une transition et il faut avoir les épaules suffisamment solides financièrement pour passer d'un côté à l'autre. Isabelle Talès intervient alors et souligne que le passage de cette transition demande beaucoup de questions sur son identité, ses valeurs.

Étienne Mineur revient alors sur quelques réflexions qu'il a eu. Il signale tout d'abord qu'aucun journal ne sacrifierait sur sa une une partie aussi importante sur le net à la publicité. D'ailleurs, les maquettes sont actuellement construite autour de la publicité, avec la taille idéale des colonnes pour les bannières. Il ajoute que personnellement les portails proposés en une sont comme des murs pour lui, qu'il y a beaucoup trop de choses et que ça ne lui donne pas envie de rentrer. Ensuite, il note que le fond blanc, que tout le monde a adopté n'est pas le plus confortable pour la lecture, mais que comme chacun fait comme tout le monde, personne n'ose changer la couleur du fond. Il souhaiterait également que des espaces vides apparaissent un peu pour laisser des respirations.

La place est ensuite laissée aux réactions de la salle. Un participant souligne le manque de connaissance des utilisateurs et raconte que, selon lui, tous les plus mauvais graphistes sont envoyés pour faire les livres scolaires et que cela n'aide en rien l'apprentissage du "beau".

Enfin, une question est posée sur le flux RSS, qui est un mode de plus en plus utilisé et qui n'amène que du fond et qui a du mal à proposer de la forme.

La conférence s'achève pour des raisons de temps.


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Ça ne me pose pas de problème, je n'ai rien à me reprocher.